Dans mon enfance, en pension, quand la surveillante criait pour nous réveiller : « Il y a de la neige », je me levais d’un bond et je courrais à la fenêtre m’émerveiller devant ce manteau blanc qui avait tout changé en une nuit. La cour triste du pensionnat devenait un endroit magique où les arbres pliaient sous les boules de neige qui les taquinaient.
Aujourd’hui, quand je vois la neige à mon réveil, je suis comme une enfant, je crie : « Il neige ! Il neige ! » puis je souris. Et je me sens illuminé par la vie.
« Il neige, il neige »… ma voix a le ton du miracle ou encore celle de mes heureuses surprises devant l’arbre de Noël.
Mais quand je laisse passer ce moment d’exaltation et que je communique avec l’esprit de la neige alors un autre dialogue s’invite et son enseignement me nourrit différemment. Il me touche au plus profond de moi et apaise le rythme de mon cœur. Je l’entends me chuchoter à l’oreille une autre vision de ce blanc manteau.
La neige me dit :
« Parfois, pour que tu ressentes la paix d’un monde unifié, je lance mon voile de mariée pour endormir la peine et la peur dans le monde, pour réunir la joie et la détresse, la haine et l’amour dans les battements d’un cœur qui s’exprime tout bas. Je caresse dans ma froideur les misères du monde, les pleurs des enfants qui ont faim, la laideur des blessures infligées à la terre et à ses habitants, je fais le chut ! Un doigt sur mes lèvres pour vous rappeler le temps où l’union de chacun emmène à l’unité dans sa beauté ».
Je suis la posture méditative du temps ! J’exprime la conscience du pire et du meilleur qui ne peut détruire la paix de l’âme du créateur.
Et la neige continue à chuchoter à mon oreille comme si je n’avais pas bien compris le message.
« Dans la beauté de mon voile blanc, vous y voyez la « pureté » comme si je n’avais pas des milliards d’années ! Pourtant, devant cette feuille blanche, votre corps ose s’éveiller à sa sensibilité. C’est le retour de l’enfance retrouvée qui ignore que ce linceul bienveillant et celui aussi qui entoure la mort ».
Elle ajoute avec la voix d’une grand-mère du fond des âges :
« Chacun de mes flocons de neige sont particuliers, ils s’unissent pour apaiser et ouvrir le cœur des hommes de des femmes vers cette incroyable dynamique de vie qui fait que du multiple différent nait l’unité abondante. Ainsi, le sentiment de paix recouvre tout et unifie les endroits où la vie s’exprime avec amour et ceux où elle exprime la violence du monde. Je suis ce voile de mariée qui symbolise l’accouplement du bien et du mal et qui pourtant reflète le « tout va bien ». Je suis cette page blanche qu’il faut écrire chaque jour. Et si je n’étais pas une illusion, si malgré l’orage, le soleil, la haine et l’amour, le monde, malgré tout, continuait à se transformer dans la beauté et l’amour qui l’a vue naître.
Ma sagesse est de vous révéler l’unité du monde dans sa diversité. Chaque flocon de neige est différent et quand ils s’associent ils sont le grand blanc et c’est ainsi que je vois le jour. Quand l’être humain rejoindra sa place dans la création, quand chaque homme, chaque femme s’unira à toutes les formes de vies sur terre, alors le manteau de la beauté du monde apparaîtra.
Le monde est étonnant, regarde-le avec le cœur quand j’apparais observes combien l’unité du monde peut engendrer la joie et contenir la particularité de chacun·e. Tous ces flocons s’unissent pour peindre le monde en blanc, c’est-à-dire un monde qui contient toutes les couleurs comme le blanc. Je vous attends, le jour viendra où vous rentrerez à la maison et le mariage éternel pourra se célébrer. »
Joyeuse année 2023 !
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