J’ai envie de partager avec vous l’expérience que j’ai vécue en écoutant ces derniers jours le discours de Greta Thunberg à l’ONU.
Pourquoi ? Parce que ma réaction incarne parfaitement l’urgence d’ouvrir nos perceptions et d’éveiller nos sens.
En regardant cette vidéo, j’ai été surprise de voir le visage de Greta crispé et dur. Sa bouche était déformée part un mélange de désespoir et de colère. Tout son être témoignait de l’impuissance qu’elle vivait au jour le jour, face à l’immobilisme de ceux qui détiennent les clés du changement nécessaire pour amortir la catastrophe.
Cette jeune fille était habitée par le verbe qui porte la terreur du futur. Elle m’a touché au plus profond de mon être. Je pensais : « elle est belle, c’est fabuleux l’énergie qu’elle dégage … ». Mais tout ce délicieux commentaire a pris fin quand j’ai entendu les applaudissements. Brusquement j’ai eu l’impression de sortir d’un rêve et de plonger dans une réalité tout autre.
Je me suis observée regardant Greta comme une spectatrice amoureuse des tragédies grecques. Telle une critique d’art, je trouvais qu’elle était sublime et, à cet instant, j’ai compris qu’une fois de plus l’occidentale qui vit en moi avait pris le relai.
J’étais dissociée, je regardais la vie comme un spectacle et je le jugeais bon, même excellent. Je pouvais imaginer d’autres commentaires autour de moi, tel que « elle en fait trop », « c’est une hystérique », « elle ne sait pas tenir ses émotions », « mais comment pouvons-nous accepter cela ? » ou à l’inverse les commentaires élogieux de personnes admiratives qui sont fières d’assister à la naissance d’une Jeanne d’Arc des temps modernes…
Nous étions tou·tes dans un état dissocié ! Moi, y compris.
Pourquoi ?
C’est notre conditionnement, et parfois, il revient spontanément. Je pris le temps de retrouver l’écoute de mon âme indigène avant de revoir une nouvelle diffusion de cette vidéo.
Je me suis sentie connectée à cette jeune fille à partir du cœur. J’ai pu enfin ressentir dans mes tripes, son cri, sa souffrance et je suis restée sans voix, les bras ballants, la gorge serrée et un silence lourd, et pesant, c’est posé en moi. Je suis retournée à la nuit de mes peurs et j’ai baissé la tête, j’entendais des milliers de voix d’enfants hurler dans des millions de foyers. Puis j’ai laissé la voix de la conscience aiguë que j’aime tant enseigner et une autre réalité s’est ouverte à mes yeux : ce n’était plus une tragédie, je vivais la folie du monde et j’en faisais partie intégrante.
Je partageais le combat d’une presque enfant, soumise à des pressions inimaginables (ou bien des personnes auraient craqués depuis longtemps) qui se battait pour réveiller les consciences et la réponse à son combat fut une salve d’applaudissements comme au théâtre. Imaginez en 1940, quand, dans les cafés, on a annoncé : « on est en guerre ». Est-ce que les gens ont applaudi ? Mais là, ce que je vivais, c’était cette folie.
Greta hurlait « la 6e extinction de masse a commencé », réponse bravo ! « Vous me volez mon futur » bravo ! Et on se congratule, comme cela est bien formulé, quel ton ! Quelle prestance ! Bravo ! Bravo ! Bravo !
Si l’assemblée n’était pas dissociée, la réponse à son cri désespéré aurait été le silence et l’introspection. Chacun aurait regardé en lui et Greta aurait su qu’elle avait été entendue.
Ces applaudissements étaient peut-être pires que tous les beaux discours, qu’elle avait dû entendre des présidents. Ces hommes qui l’ont regardé comme un objet de curiosité qui faisait joli dans leur décor.
Ces constantes dissociations, ce besoin de tout transformer en animation, en série, en cinéma, créent un immobilisme et une forme de déni de la situation qui permet de danser alors que le bateau coule.
C’est pour ça que la route du choix que j’accompagne cette année est vraiment appropriée pour réveiller les cœurs et mettre les hommes et les femmes en action.
Vivre le monde dans l’âme indigène devient une urgence ! Pour éviter cette dissociation spontanée qui nous empêche d’agir, il est indispensable d’être en accord avec la réalité incarnée. Cela passe par l’ouverture des perceptions et l’acceptation de la souffrance qu’elles engendrent.
Mais avons-nous d’autre choix que de redevenir sensible pour protéger le monde vivant ?
Car si nous restons dissociés, alors nous acceptons que même l’horreur devienne un spectacle à regarder. C’est comme cela que nous participons à la mise à mort du monde qui nous nourrit.
On m’appelle l’Indien parce que je suis aujourd’hui un être très sensible, et souvent, je m’émerveille pour un rien et je m’attriste et pleure pour pas grand-chose, mais je suis vivante. Je ne me contente pas d’exister ! Je suis vivante, cela fait une énorme différence.
Je peux témoigner que l’ouverture des cœurs passe par l’ouverture des perceptions. Ainsi, nous pouvons découvrir un monde qui enthousiasme l’âme et donne du sens à la vie.
Si vous faites cette route, vous la faites pour vous, mais aussi pour votre lignée, pour le monde, pour la vie.
Je vous y attends avec joie, devenez créateur d’une route que nous allons créer ensemble et qui nous offrira les outils pour réveiller le plus grand nombre à la mission première des hommes : devenir des gardiens de la vie.
Gislaine
Amen !