Le Cercle des Aîné·es : « j’ai rencontré un arbre »

Le cercle des aîné·es est une tribu, dirait l’indien !, d’ancien·es participant·es qui ont su apprendre à marcher avec leur « âme indigène ». Je pense qu’il est important d’inclure dans le cercle la vision de chacun·e sur le travail de chamanisme que l’on pratique tous ensemble dans les groupes. Voilà pourquoi, les aîné·es prendront la parole chacun·e leur tour et peut-être qu’un jour, votre voix aussi, retentira dans le cercle ! C’est ce que je souhaite.

Gislaine

La voix de Sophie:

Il y a 3 mois, j’ai rencontré un arbre. C’est le hasard qui m’a fait croiser son chemin.

Ou peut-être pas…

Il y a 3 mois, une grave chute de cheval me laissait avec le corps brisé. Cinq fractures des os qui brutalement mettaient un terme au rythme effréné de ma vie, et me réduisaient à l’immobilité.

Une fois sortie des urgences de l’hôpital, il m’a fallu choisir une clinique où passer deux longs mois de convalescence. Dont 6 semaines d’immobilité absolue, couchée sur mon lit.  Immédiatement une évidence s’est imposée à moi : il me fallait un établissement et une chambre avec vue sur un jardin. Car je le savais déjà d’instinct, la nature serait centrale dans mon processus de guérison.

Quand je suis rentrée dans ma chambre, j’ai tout de suite su que c’était la bonne. Une grande baie vitrée s’ouvrait sur le jardin de la clinique, et face à moi, directement visible de mon lit, se dressait majestueusement un magnifique Robinier (ou faux Acacia). Tout de suite, sa présence m’a apaisée et rassurée.

Depuis mon enfance, je me suis toujours sentie proche des arbres. J’aime les caresser, leur parler, les étreindre, me reposer à leur pied. J’admire leur force et résilience. Je me perds dans la contemplation des couleurs changeantes de leurs feuilles. J’ai aussi dévoré avec avidité les ouvrages parus ces dernières années, et qui révèlent leur sens de la coopération sociale et leurs capacités de communication, jusque-là sous-estimés.

Mais, mon accident m’a fait passer un cap dans ma relation aux arbres. D’une connexion intellectuelle et émotionnelle, j’ai vécu l’expérience de la connexion énergétique et charnelle avec « mon » arbre…

Car dès le premier jour, immobilisée, vulnérable, et souffrant de mes multiples fractures je me suis tournée vers cet arbre en lui demandant de me soutenir, de me transmettre sa force, de me guider vers la guérison. Même aujourd’hui, il m’est encore difficile d’expliquer précisément ce qu’il s’est passé, et les rituels de guérison que j’ai improvisés en connexion avec lui. Mais un lien physique et un échange silencieux se sont établis entre lui et moi chaque matin. Pendant 1h, je me connectais à lui. En tendant mon bras vers lui, je laissais l’énergie circuler de ses racines, vers son tronc, vers mon bras et mon corps. Nous étions liés. J’accueillais cette énergie réparatrice et je la guidais vers mes blessures. Je sentais mes os fracturés chauffer sous l’afflux de cette belle énergie. Je visualisais et ressentais les os, les cellules, les tissus en plein processus de régénération. 

Mon arbre m’a transmis l’importance de l’ancrage pour puiser l’énergie vitale de la terre par ses racines, mais aussi m’a montré qu’il fallait rester souple pour s’adapter aux intempéries de la vie, à travers l’harmonieuse danse de ses branches et feuilles dans le vent.

Ancrage et souplesse sont devenus mes maîtres-mots pendant cette phase de convalescence. Faire confiance à la force de mon corps et à la puissance de mon ancrage, tout en travaillant la souplesse de mes os, articulations, et muscles.

Ces moments de connexion m’ont aussi amené beaucoup de joie et d’apaisement, en me ramenant à l’instant présent, en me permettant de réapprendre à respirer paisiblement et de concert avec la nature qui m’entourait. Cette immobilité forcée est devenue une bénédiction, en m’offrant le temps et la disponibilité mentale d’expérimenter le lien à autrui en pleine conscience.

Cette expérience fut une révélation.  J’ai senti dans ma chair combien nous faisions partie d’un tout. Combien nous étions tous connectés, et comment entre êtres vivants, y compris de genres et d’espèces différents, nous pouvions communiquer et nous entraider.

Les docteurs ont été ébahis de la vitesse de ma guérison au vu de l’étendue et de la gravité de mes blessures. Et je sais avec certitude le rôle crucial que mon arbre a joué dans cet exploit. J’en éprouve une immense gratitude.

Aujourd’hui je continue quotidiennement cette pratique de connexion énergétique avec les arbres et avec le vivant qui m’entoure de manière générale.

Il y a 3 mois j’ai rencontré un arbre, et il a changé ma vie.

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