Les habitudes tuent l’amour : vrai ou faux ?

Je rencontre souvent des couples qui s’interrogent et se demandent si l’habitude de vivre ensemble n’a pas tuer leur amour ? 

Pour les amener à réfléchir, je leur demande de réfléchir à ceux qui font du yoga : « un yogi médite en position de lotus, fait-il la même méditation ? », un voyage chamanique se fait la plupart du temps allongé, « fait-on le même voyage ? ». La position du missionnaire ou autres, vous a-t-elle provoqué les mêmes orgasmes ? Le voyage est à l’intérieur, la posture est une connexion.

Voici une nouvelle de quelques lignes qui vous étonnera et vous fera voir qu’il peut y avoir de la richesse dans l’habitude.

 

Terminus

Depuis trente-cinq ans à 18h15 du lundi au vendredi, j’attends le bus 91.

Il pleut . Il neige. Il fait beau. Qu’importe le temps. Il est toujours fidèle au rendez-vous.

Il s’arrête. Je monte. Il repart. Je retrouve les mêmes feux rouges, les mêmes stations : Ledru Rollins, Gobelins, Vavin. Les mêmes secousses, la même route.

Je regarde les faces différentes et pourtant semblables, de ces hommes et de ces femmes dont le seul souci est d’être absent de ce lieu qui nous réunit.

On est tous ailleurs, appliqués à ne surtout pas rencontrer d’un regard, d’un geste, l’autre. Allures altières ou têtes basses , seules les consignes de la « G.O attitude » me tiennent compagnie.

Tous les jours, depuis trente-cinq ans quand j’arrive au terminus , je vais chercher du pain chez Madame Poitevin. Puis je monte au 9 rue Delambre ou tu es là, toujours là, encore là.

Et….Si je ne montais pas. Si je laissais passer le bus. Si je quittais la ligne et le terminus qui telle une geolière, ne cesse de me reconduire.

J’ai froid. Je suis fatigué. Je ne veux plus rien voir. Je te quitte. Je vous quitte. Je ne prendrai plus le bus. Je ne te rejoindrai plus.

Je quitte l’abri bus. Je vais à découvert. Je pars à Vancouvert. Je vole. Je m’envole. Je prends un billet pour ailleurs. Je suis libre d’écrire une autre route un autre terminus.

Je suis heureux et là-bas, dans ces vastes paysages, je prends des cars toujours différents. Je ris. Je vis. Je suis bien et… au bord de la route, je rencontre une femme et c’est toi .

Fantôme de ma vie. Tu me hantes jusque dans mes escapades les plus folles . Je veux te fuir encore et encore mais tu souris et…. J’aime tes fossettes, ces pattes d’oie autour des yeux qui racontent les blessures de notre histoire, qui me parlent de nous, de notre quotidien, du gris de Paris… bref de notre vie. Ma vie.

Je me sens chez moi dans ce regard qui n’a aucune surprise et m’apporte la paix.

– « Vous montez ?

-« Excusez-moi, je rêvais »

-«  J’ai pas le temps moi »

-«  Je viens je viens »

J’adore le bus. Mon amour, je t’aime.

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